2. Choucas

De taille moyenne parmi les corvidés (33–39 cm), cet oiseau présente un plumage noir avec la nuque et les côtés de la tête gris aux reflets bleus. Ses yeux ont la particularité d'avoir un iris blanc, particulièrement visible. Mâle et femelle sont rigoureusement identiques…

 

Non, non, non, non, non !

 

Le choucas est le surnom d’un pilote d’hélicoptère de la sécurité civile avec qui j’ai eu l’honneur et le plaisir de voler.

Un parcours et palmarès hors du commun :

  • Breveté pilote en 1961, il a fait 19 ans dans l’aviation légère de l’armée de terre totalisant 5500 heures de vol sur plusieurs avions et hélicoptères : Djinn, Bell47, Alouettes II et III, Ecureuils.
  • Pilote de la Sécurité Civile totalisant 7000 heures de vol, sur ces mêmes hélicoptères.
  • Il a même participé aux essais, sur BK117 et Agusta 109, lorsque la Sécurité Civile cherchait un remplaçant à l’Alouette III.

 

Sa carrière s’est hélas terminée en queue de poisson.

Une contre-indication médicale théorique sur un électrocardiogramme (que j’ai vu, de mes yeux vu) sans trouble de repolarisation, du rythme ni de signe prédictif de pathologie suspecte.

Il eut beau se démener, il fut d’abord étiqueté « cardiaque » puis inapte : la décision fut entérinée et plus jamais il ne pilota.

 

Quelle frustration que de se retrouver ainsi, du jour au lendemain, bloqué au sol par la gravité, sans le moindre signe de gravité et sans avoir pu effectuer le traditionnel « dernier vol », si cher aux pilotes…

 

A bord il était toujours attentionné, d’une précision millimétrique et une connaissance de l’Alouette III qui remontait aux origines de cette machine mythique.

Je me rappelle de cette fois où nous devions aller chercher un nouveau-né à Briançon. La puéricultrice allant faire son premier vol, je lui avais dit :

  • Fais attention JP, c’est son premier vol.

Aussitôt il engagea la conversation avec l’infirmière pour la mettre à l’aise :

  • Oh c’est votre premier vol ? Ne vous inquiétez pas : la météo est bonne, on ne se fera pas trop secouer et je vais piloter en douceur…

Il était comme ça, le Choucas et il parlait, parlait.

Demandait à son interlocutrice d’où elle venait, pourquoi elle avait choisi son métier…

Tout en décollant et se dirigeant vers Chamrousse.

Et blablabla, et blablabla.

On pouvait discuter avec lui pendant des heures sans se rendre compte du paysage qui défilait.

Heureusement qu’il y avait le mécano.

Passé Chamrousse on passait au-dessus de la vallée de la Romanche, plus de 1000 mètre plus bas, juste après un très gros rocher, perché sur la falaise.

E notre JP, il volait droit sur ce rocher, la tête tournée vers la puéricultrice : et blablabla, et blablabla...

  • JP, disait le mécano, regarde un peu devant.

Et là, tout en s’excusant d’avoir été distrait, il prenait un peu d’altitude afin de passer juste à ras du rocher : un bon moyen pour se rendre compte de la vitesse réelle de l’hélico : ça défilait tout à coup !

         Et sitôt franchi l’obstacle, devant le vide soudain qui s’offrait à nous il coupait le pas.

         En clair, il annulait la portance de l’hélico et nous chutions en quasi-apesanteur. Calogero aurai pu en faire une chanson.

         J’entends encore les cris de ces infirmières qui se rappellent encore, n’en doutez pas, de leur premier vol en hélico.

 

Aujourd’hui vous pouvez rencontrer le Choucas mais il vous faudra vous lever tôt, vous armer de bonnes chaussures de randonnée, d’un sac bien rempli, de courage et d’énergie car, depuis près de 25 ans qu’il a été remercié comme pilote, il sillonne les sommets alpins en grand « cardiaque » qu’il n’est pas!

 

Choucas, vous l’avez reconnu, n’est autre que Jean-Pierre ROCA à qui j’ai tenu à rendre hommage et, au travers lui, à tous les équipages de la Sécurité Civile (Dragons et Pélicans) et de la Gendarmerie, pilotes et mécaniciens, qui risquent tous les jours leur vie en intervenant en milieu périlleux.

 

Eux aussi, prennent soin de vous.

 

PS : pendant que j’écrivais tranquillement ces lignes, Dragon 30 se crashait avec pour objectif de venir ici-même, dans la commune où je réside (Le Muy), sinistrée par les inondations d’un nouvel « épisode méditerranéen », emportant avec lui trois hommes de valeur dans leur sacrifice ultime. Qu’ils reposent en paix et que cette "perle-hommage" leur soit aussi dédiée.

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